Un texte de Richard O’Barry.
Traduction : Julie Labille.

Je suis un ancien dresseur. J’ai longtemps hésité avant de l’écrire sur ce genre de forums puisque je pensais que ce n’était pas approprié pour MiceChat – mais après avoir lu cet article de propagande ridicule sur MiceChat intitulé « Blackfish Exposed » (Blackfish au grand jour), j’ai décidé de vider mon sac. Ce que j’écris m’appartient et se base entièrement sur mes expériences et observations personnelles.

Je vais maintenant vous révéler le secret le mieux gardé de Sea World, un secret que ceux qui détiennent des cétacés en captivité ne veulent pas que vous sachiez. Le voici :

Les dauphins et les orques (l’espèce la plus grande de la famille des dauphins) sont bien plus intelligents et bien plus sensibles qu’ils ne vous l’affirment.

Certes, ils vous disent que ce sont des animaux intelligents. Mais ils ne veulent pas que vous sachiez à quel point ils le sont. Pourquoi ? Parce que si vous en êtes conscients, vous leur poseriez cette question : « S’ils sont si intelligents et si sensibles, pourquoi sont-ils dans ces bassins minuscules ? »

Dauphin captif

Comment SeaWorld garde précieusement ce secret :

En vous mentant ou en déformant la vérité. Les employés de Sea World ont des réponses types à toutes les questions que vous leur posez. Donc, si vous leur demandez combien de temps met l’animal pour apprendre un tour, ils vous répondront « un an » ou « six mois », peu importe.

En réalité, ces animaux peuvent maîtriser des comportements en l’espace de quelques jours, voire quelques heures ou minutes. J’ai appris un tour simple à un dauphin (celui où le dauphin a l’air de danser le twist) en 10 minutes environ. Un salut de la nageoire s’apprend également en quelques minutes. Les sauts rapides en hauteur se maîtrisent en moins d’une heure, peut-être une journée au maximum.

Comment ces animaux réagissent :

Ils sont conscients de leur situation. Ils savent qu’ils sont en captivité et qu’ils sont sous le contrôle des humains. Ils comprennent tout le système capitalistique auxquels ils sont sujets, à savoir certains comportements entraînent des récompenses. Un comportement ne sera récompensé que par un éperlan ou un hareng, un autre accordera plutôt un maquereau. S’ils ne reçoivent pas la bonne récompense, ils sont en colère. Parfois très en colère. (Avez-vous déjà vu un dauphin grogner, les yeux ronds et remplis de rage ? Moi oui. Avez-vous déjà vu une orque en colère, se tapant la tête contre les murs de son bassin ou entraînant son dresseur au fond de l’eau ? Moi oui.) Et ils savent qu’ils n’ont pas le choix. Ce sont purement et simplement des esclaves.

Un dauphin mordant la main d'une enfant dans un delphinarium

La plupart des animaux en captivité se soumettent à ces règles, ils sont totalement résignés, tout comme peut l’être un prisonnier dans un camp de concentration. (L’analogie entre la captivité des dauphins et les prisonniers de camps de concentration ne m’appartient pas. Ce sont les mots de Jacques Cousteau.) Ces animaux tendent à perdre leur personnalité. Ils ont été en quelque sorte abrutis et agissent de façon mécanique.

Mais certains dauphins et orques captifs (une poignée) n’acceptent pas les règles. Ils se rebellent. Ils résistent. Ils font les choses comme ils l’entendent. Ces animaux ont une personnalité très forte et distincte.

La plupart des dresseurs que j’ai connus préfèrent travailler avec un animal résigné, qui obéit aux règles. Ils ne vous causent pas de tort et sont de dociles performeurs. Pour ma part, j’avais une préférence pour ceux qui se rebellaient. Si on les comprenait et qu’on les traitait bien, ils étaient des travailleurs acharnés. Ils étaient même souvent les meilleurs performeurs dotés d’une personnalité fascinante. (Mais d’un autre côté, c’était ceux qui vous causaient le plus de problèmes et parfois même, ils pouvaient se montrer violents.)

Le résultat :

Les dauphins prisonniers des delphinariums souffrent

Le résultat est que l’animal souffre, tout comme les prisonniers souffrent. Les dauphins et orques captifs sont en situation de détresse psychologique. Cela diminue considérablement leur espérance de vie, de nombreuses études l’affirment.

La relation dresseur-animal :

Ces dernières décennies, de nombreux dresseurs ont développé des relations très fusionnelles avec les animaux ce qui a souvent débouché sur des dépressions. La plupart de ces dresseurs « blessés » sont aujourd’hui devenus des activistes.

Pour endiguer ce phénomène, les parcs aquatiques interdisent désormais aux dresseurs de s’impliquer émotionnellement avec les animaux. Ils sont devenus des « outils de travail » qui permettent au dresseur de gagner sa vie. Ils prennent soin des animaux comme un charpentier prend soin de ces outils. Et tous ces bisous, ces câlins pendant les spectacles ne sont que pure mise en scène. Les dresseurs n’ont pas le droit de nager ou de jouer sans récompense avec les animaux en dehors des spectacles.

Les dauphins captifs, un "outil de travail" pour les dresseurs

Mettez-vous à leur place :

Après avoir vu ces animaux majestueux dans leur bassin, vous rentrez chez vous. Les dresseurs rentrent chez eux. Mais les animaux, eux, doivent rester dans leur bassin 24/24h et 7/7j. Ils ne pourront JAMAIS quitter cet endroit. Ils sont prisonniers de petits bassins en béton.

Imaginez-vous enfermés dans une petite pièce de quelques mètres carrés. Imaginez-vous en train d’exécuter des tours dans cette petite pièce, sur commande, plusieurs fois par jour, tous les jours, afin de combler votre faim permanente. Imaginez-vous faire cela toute votre vie.

Pour information : Oui, les animaux sont nourris même s’ils refusent d’exécuter les tours. En revanche, ils ne reçoivent que la quantité nécessaire pour rester en vie et en bonne santé. Ils doivent avoir faim pour exécuter les tours sur commande. Je répète :

Les animaux doivent avoir faim pour garantir le spectacle.

Les dauphins sont affamés afin de leur faire réaliser les tours

Je défie Sea World ou autre parc aquatique de réaliser un spectacle de dauphins, d’orques ou d’otaries sans aucune récompense. Je les défie aussi de réaliser un spectacle avec des animaux rassasiés. C’est impossible.

Laissez-moi vous parler d’éducation, de recherche et de sauvetage.

EDUCATION : Soyons bien clairs. La partie éducative est extrêmement réduite. Oui, ils présentent des « programmes éducatifs » pour les enfants qui peuvent être instructifs mais ils ne contiennent aucune information inédite. Ces programmes ne sont que des outils de propagande, rien d’autre.

RECHERCHE : La plupart de la recherche conduite à Sea World ne prend pas en compte le bien-être et les conditions d’élevage des animaux en captivité. En revanche, ils accordent un soin tout particulier à la reproduction et surtout au maintien en vie des nouveaux-nés. En liberté, ces recherches n’auraient pas lieu d’être.

SAUVETAGE : Bien sûr, Sea World vient au secours d’animaux et c’est formidable. Mais la grande majorité de ces sauvetages impliquent des tortues de mer. Sea World en tire largement profit. Cela leur fait une bonne publicité et, à certains moments, ils se servent de ces animaux mis à disposition gratuitement pour gagner encore plus d’argent.

Je vous lance cet appel :

Dauphins libres

Je vous demande d’ouvrir votre cœur. Pensez à tout ce que vous soutenez quand vous soutenez des parcs aquatiques comme Sea World. Vous participez à l’enfermement et à la souffrance de mammifères incroyablement intelligents et sensibles.

Dans l’article de MiceChat sur Blackfish, le journaliste a demandé à la dresseuse ce qu’elle ferait si elle était responsable de Sea World. Voici sa réponse : « J’arrêterais d’utiliser les animaux à des fins de divertissement et je mettrais un terme au programme de reproduction. »

POURQUOI a-t-elle dit cela ? Que sait-elle ? Qu’a-t-elle vu ? Qu’a-t-elle connu pour dire une chose pareille ? (Évidemment, le journaliste ne lui a pas posé ces questions.) Voulez-vous savoir pourquoi elle a dit cela ?

Une fois de plus, je vous le demande : RÉFLÉCHISSEZ. Réfléchissez à ce qui se passe réellement quand vous admirez « Shamu » ou « Flipper » travailler pour de la nourriture. Réfléchissez-y.

Vos questions et commentaires sont les bienvenus. (Mais s’il-vous-plaît, ne me traitez pas « d’ignorant » ou de « mal informé » à ce sujet, ou bien « d’ex-employé aigri » ou « d’activiste à la PETA », comme d’autres l’ont déjà fait. Merci.)

Source : https://www.facebook.com/RichardOBarry