Selon Lori Marino, la science démontre que les animaux devraient être légalement reconnus comme des personnes.

Texte de Virginia Morell
Photographies de Pouya Dianat
Traduction Peuvent-ils souffrir

Lori Marino ne cache pas ce qu’elle ressent pour les animaux.

Oui, c’est une biopsychologue qui a passé ses 18 dernières années à l’Emory University à Atlanta, aux États-Unis, à se pencher sur le comportement de dauphins captifs et à mesurer la taille du cerveau de cétacés morts. Oui, pour devenir scientifique, elle a euthanasié des rats de laboratoire et étudié leur système nerveux. Et oui, Lori Marino sait que c’est en partie grâce à la recherche médicale sur les animaux qu’elle a surmonté une maladie potentiellement mortelle (dont elle préfère taire le nom) et qu’elle est vivante aujourd’hui.

Pourtant, les expériences de Lori Marino ne lui ont pas donné ce regard froid et objectif que les gens adoptent parfois lorsqu’ils observent d’autres créatures.

Au lieu de ça, elle a utilisé son objectivité scientifique pour devenir l’un des militants de la personnalité animale les plus en vue, à une époque où un changement de paradigme modifie notre regard et notre réflexion sur les espèces non-humaines.

C’est elle qui est à l’initiative du projet Nonhuman Rights Project invoqué pour soutenir l’argument selon lequel un chimpanzé appartenant à quelqu’un et captif, Tommy, a le droit —en tant que personne légale—à la liberté, une affaire récemment présentée à un tribunal national dans l’État de New York.

C’est elle qui a produit le documentaire Blackfish, sur l’orque Tilikum qui a tué son entraîneur à SeaWorld, elle qui a expliqué les bases neurales de l’intelligence des cétacés, et pourquoi ces animaux souffrent et deviennent parfois fous en captivité.

Et c’est elle qui a lancé la croisade publique visant à mettre fin à la captivité de dauphins pour le divertissement, un effort qui semble idéaliste pour beaucoup. Pourtant il y a deux semaines le National Aquarium de Baltimore, au Maryland (États-Unis), a annoncé qu’il pensait à confier ses huit dauphins à un sanctuaire en bord de mer.

Scientifique-militante

Autrefois une chercheuse à part entière qui considérait la mesure de boîtes crâniennes de dauphins comme une activité totalement absorbante, Lori Marino est devenue, selon ses propres mots, une « scientifique-militante » pour tous les animaux, grands et petits.

Tandis qu’elle continue ses recherches (par exemple, elle réalise une étude comparative de l’intelligence des cochons et des chiens), elle se consacre également à temps plein au Kimmela Center for Animal Advocacy, qu’elle a fondé il y a quatre ans. C’est la seule organisation, selon elle, qui est uniquement dédiée au comblement du fossé entre le monde académique et le mouvement de défense des animaux.

Elle brandit ses connaissances comme une arme pour affirmer que de nombreuses espèces ont des capacités cognitives si sophistiquées que leurs membres ne peuvent être considérés que comme des personnes. 

Elle est encore plus occupée à travailler pour des groupes de défense des droits des animaux cherchant des témoignages d’experts attestant que cet éléphant ou cette orque ou ce chimpanzé souffre en captivité et mérite d’être libre. Ses efforts sont également dirigés vers le Projet Someone Not Something (Quelqu’un, pas quelque chose), qui aide les gens à mieux comprendre les capacités cognitives et émotionnelles des animaux de ferme.

« Je peux le faire parce que je connais la science », déclare Lori Marino. « Et parce que j’ai un doctorat. Vous n’imaginez pas le pouvoir qu’un titre et des données chiffrées peuvent vous apporter dans un tribunal. »

Une femme élancée d’environ 50 ans, avec un visage en forme de coeur, des traits doux et des yeux noisettes expressifs, Lori Marino n’a pas l’air d’une guerrière. Mais elle brandit son savoir en matière de cognition et de comportement des animaux comme une arme pour affirmer que de nombreuses espèces ont des capacités cognitives si sophistiquées que leurs membres ne peuvent être considérés que comme des personnes. Aucun autre terme n’est suffisant.

« Il existe une abondance de preuves indiscutables qui atteste de la personnalité des animaux », m’a dit Lori Marino à la table d’un café près de son bureau universitaire. Elle a pensé qu’il serait mieux de se rencontrer là plutôt que sur son lieu de travail car elle va bientôt partir pour Kanab, dans l’Utah, pour rejoindre son partenaire et camarade animaliste, Michael Mountain, et que son bureau est bondé de cartons à moitié terminés.

Qui est une personne ?

« Être une personne ne signifie pas être humain », explique Lori Marino. « « Humain » est le terme biologique qui nous décrit en tant qu’espèce. « Personne », en revanche, décrit le type d’être que nous sommes : sentients et conscients. Cela s’applique à la plupart des animaux également. Ils sont des personnes ou devraient légalement l’être. »

Marino fait un signe de la tête à un chien couché près de notre table. « Il est quelqu’un », affirme Lori Marino. « Pas quelque chose. Quelqu’un. Une personne. »

Plus tôt, Lori Marino a utilisé ce même mot pour les chiens et les chats qu’elle m’a présentés dans un refuge pour animaux ne pratiquant pas l’euthanasie, où elle fait du bénévolat une fois par semaine.

« Bonjour Calum », a-t-elle dit à un Scottish terrier noir. « Tu es une petite personne si mignonne. » Puis elle s’est tournée vers un Pit bull. « Oh, Jazzy, tu es une personne si aimante. »

Elle a salué chacun des chiens et des chats d’une façon similaire, comme si les appeler des « personnes » était la chose la plus naturelle qui soit. Était-ce dû à ma présence ou était-ce pour prouver quelque chose ? En tout cas, cela m’a semblé bizarre à entendre et a presque provoqué chez moi une « schizophrénie » mentale : Est-ce que ce n’est pas un chien ?

Voir la personne dans l’animal

Mais maintenant, je me suis faite à l’habitude de Lori Marino. C’est sa façon de gentiment secouer les gens, de nous rappeler que les animaux ne sont pas des objets mais des êtres.  De nous faire voir la personne dans l’animal.

Et tandis que le chemin qui reste à parcourir peut sembler long avant d’espérer qu’un tribunal reconnaisse un animal comme une personne, elle est persuadée que cela finira par arriver.

« Regardez l’affaire avec Tommy », dit-elle, en faisant référence au chimpanzé que le Nonhuman Rights Project a essayé de faire libérer en décembre dernier. L’avocat de Tommy, Steven Wise, a demandé que la disposition habeas corpus de l’État de New York s’applique à ce « demandeur » chimpanzé aussi.

« C’est vrai, le juge a statué contre Wise », dit L. Marino, « mais il l’a fait de manière à pouvoir permettre de faire appel. C’est énorme. Et l’affaire a vraiment reposé sur la science. »

« Je pense aux dauphins en captivité qui ont besoin de mon aide. Et aux éléphants. Et à Lolita, l’orque, qui est coincée dans un bassin de la taille d’une cuvette de toilettes. Il y en a tellement. »

À un certain moment de la procédure, après que Wise a déclaré que les chimpanzés sont des êtres autonomes, le juge l’a interrompu brusquement. « Selon qui ? », a-t-il demandé.

Wise a répondu en produisant une pile de déclarations sous serment que L. Marino avait rassemblées auprès des principaux primatologues du monde, attestant des capacités cognitives des chimpanzés et de leur conscience de soi. Le ton méprisant du juge a alors changé.

« Il a compris », dit L. Marino. « C’est le pouvoir de la science. »

Elle respire un grand coup. « Vous savez, Tommy est assis là-bas dans cette cave. Il est seul dans l’obscurité de la plus dégoûtante des cages. Si je pense trop à lui, je vais devenir dingue. »

Comment s’empêche-t-elle de penser à lui ?

« Je pense aux dauphins en captivité qui ont besoin de moi. Et aux éléphants. Et à Lolita, l’orque, qui est coincée dans un bassin de la taille d’une cuvette de toilettes. Il y en a tellement. Mais chaque petit pas dans le bon sens aide, même le pas minuscule que nous avons fait à New York. »

Des cauchemars au sujet de ses recherches

Lori Marino n’a pas cherché à devenir une militante des droits des animaux, mais ses expériences en tant qu’étudiante ont planté les graines de sa future vocation. Amoureuse des animaux depuis son enfance à Brooklyn, elle a étudié la façon dont les animaux voient le monde à l’université de New York.

« J’ai toujours voulu savoir comment c’est d’être un autre animal », dit-elle, « alors j’ai suivi des cours sur la neurobiologie du comportement des rats. C’était fascinant. »

Mais certains de ses cours nécessitaient qu’elle endommage de façon intentionnelle des zones du cerveau de rats pour voir comment les animaux répondaient.  Après cela, elle les tuait.

« Je l’ai fait », dit-elle, « Cela me gênait : le stress des rats. La lutte. »

Ce qui était encore pire pour L. Marino, c’était l’ « endurcissement » de certains chercheurs, leur indifférence aux souffrances endurées par les rats.

« Je me suis dit, c’est OK parce que le travail est nécessaire, c’est justifié. »

Mais cela l’a aussi usée nerveusement. La nuit, elle faisait des cauchemars. Pourtant elle a excellé dans ses études et a obtenu une bourse d’études complètes pour son doctorat à l’Université de Princeton, où elle avait été invitée à rejoindre un laboratoire étudiant le système visuel des chats. Au grand désespoir de ses parents, elle l’a refusé.

« À ce moment-là, je savais qu’il m’était impossible de faire ce travail. Changer la vision de chats pour observer comment cela affecte leurs cerveaux, puis les tuer. J’ai alors décidé : plus jamais. »

En 1989, L. Marino a obtenu un Master en Psychologie humaine à l’Université Miami dans l’Ohio et est allée travailler pour le Centre spatial Johnson de la NASA. Elle est sortie avec un astronaute, est montée sur la « Vomit Comet » (dispositif de vol parabolique) pour expérimenter l’apesanteur et a aidé à concevoir des expériences à placer à bord de la navette spatiale.

Pourtant l’attrait de la question qui la taraudait (à quoi ça ressemble d’être un autre animal ?) la ramena aux études académiques, mais cette fois dans un laboratoire qui ne lui demandait pas de pratiquer de recherche effractive sur des animaux.

Des animaux et des miroirs

Au lieu de ça, elle a étudié le comportement animal avec Gordon Gallup, un psychologue évolutionniste de l’Université d’État de New York à Albany. Il avait démontré en 1970 que les chimpanzés se reconnaissent dans un miroir, alors que d’autres singes non. La capacité de reconnaissance de soi-même (savoir que c’est vous dans le miroir) semblait suggérer une ligne de démarcation entre les capacités mentales des humains, des grands singes, et celles de tous les autres animaux.

Le laboratoire de Gallup se concentrait sur les chimpanzés, mais avec son approbation L. Marino décida d’observer un autre groupe d’espèces intelligentes : les cétacés.

Pour sa thèse de doctorat, elle réalisa une analyse comparative des crânes de cétacés à dents (tels que les dauphins, les orques et les cachalots) et de ceux des grands singes, en utilisant une collection de la Smithsonian Institution. Cela aboutit à sa première découverte majeure : les cétacés ont des cerveaux plus grands par rapport à la taille de leur corps que tous les autres animaux, y compris les chimpanzés. En effet, ils possèdent le deuxième plus grand cerveau de la planète, juste après celui des humains.

Alors comment un dauphin s’en tirerait-il avec le test du miroir ? En 1998, L. Marino s’est associée à Diana Reiss, une psychologue comparative maintenant au Hunter College à New York, pour le découvrir. Leurs premiers tests au Marine World/Africa USA ne furent pas concluants.

Presley et Tab

Puis le duo reçut une autorisation de la part du New York Aquarium de Brooklyn pour tester Presley et Tab, deux dauphins mâles qui avaient passé la majeure partie de leur vie à réaliser des tours pour amuser le public.

Mais les matinées de Presley et Tab étaient libres, et les scientifiques étaient autorisées à effectuer des tests contrôlés pour voir comment les dauphins réagissaient face à un miroir. En voyant leur reflet, les cétacés firent des vriles et se tournèrent, tout comme le ferait un humain faisant signe à un miroir. « C’est comme s’ils demandaient : « C’est bien moi ? » », dit L. Marino.

Les dauphins ont compris qu’ils regardaient leur propre reflet. Ils sont donc conscients d’eux-mêmes en tant qu’individus. Ce fut une découverte historique.

Au cours de l’année suivante, L. Marino et D. Reiss firent passer aux dauphins une série de tests en parallèle de ceux que Gallup avait fait passer aux chimpanzés, en espérant que ces tests révéleraient que les dauphins se reconnaissaient effectivement dans un miroir. Par exemple, elles gribouillèrent un triangle noir sur la nageoire droite de Presley et un cercle sur le menton et le dos de Tab. Les animaux, bien sûr, ne pouvaient pas voir ces marques sur leur corps. Mais ils nagèrent tout droit vers le miroir et l’utilisèrent pour inspecter leur nouveau tatouage, se contorsionnant pour avoir une vue claire, tandis que les scientifiques regardaient et filmaient leurs réactions.

L. Marino et D. Reiss savaient ce que les comportements des dauphins signifiaient : comme les humains et les grands singes, ces cétacés comprenaient qu’ils se regardaient, et ils devaient donc être également conscients d’eux-mêmes en tant qu’individus. C’était une découverte révolutionnaire et cela bouleversait la vieille idée selon laquelle seuls les humains et nos plus proches cousins primates ont une conscience de soi.

« Je ne pouvais pas m’arrêter de penser à ce que cela signifiait », dit L. Marino. « Puisque les dauphins se voient dans les miroirs, cela signifie que, d’une certaine manière, leur esprit fonctionne comme le nôtre. Ils savent qui ils sont. »

Au début L. Marino essaya de mettre de côté toutes les implications de la découverte qu’elle et D. Reiss avaient faite et commença à préparer un test de conscience de soi pour les orques captives.

L’horreur de Taiji

Mais D. Reiss lui parla du massacre annnuel de dauphins à Taiji, au Japon, L. Marino décida qu’elle ne pouvait plus rester sur la touche, même si elle savait que la plupart des scientifiques, y compris son mentor Gallup, voyaient d’un mauvais oeil les scientifiques qui militent pour des causes. (« Si tu milites, tu ne peux pas être objective », il m’a dit au téléphone. « Et donc tu ne peux pas être une scientifique. »)

Mais L. Marino était profondément troublée par le fait que ces êtres conscients, les dauphins à Taiji, devaient savoir et comprendre ce qui leur arrivait à eux et aux membres de leurs familles tandis qu’ils étaient tués.

En 2005, elle rejoint D. Reiss au sein d’un groupe militant, Act for Dolphins, avec d’autres chercheurs sur les cétacés et la cognition. Le groupe fit circuler une pétition réclamant la fin du massacre et l’envoya au gouvernement japonais. Alors que leur pétition eut peu d’effet sur les autorités japonaises, qui fit remarquer que la chasse aux dauphins était l’une des traditions culturelles du Japon, elle aida à attirer un peu l’attention sur Taiji. Et elle donna à L. Marino un avant-goût du pouvoir de la science pour faire avancer une cause.

Il n’y eut aucune remise en question sérieuse non plus pour savoir si elle ou les autres scientifiques avaient perdu leur objectivité. Peut-être parce que l’horreur de Taiji était vraiment irréfutable.

Puis la tragédie frappa plus près. Presley et Tab moururent d’infections après avoir été transférés vers un autre aquarium. Ils n’avaient qu’une vingtaine d’années. La moitié de la durée de vie normale d’un dauphin en liberté.

Le tournant pour L. Marino

« Ils ont vécu leurs vies dans un bassin de ciment répugnant à Coney Island », dit L. Marino. « C’était vraiment quelque chose de mal, de complètement mal, et j’ai décidé : « OK, j’ai la quarantaine, j’ai un long CV ; comment est-ce que je veux faire une vraie différence ? » Et j’ai su que cela n’allait pas venir que de la science. »

À ce moment-là, L. Marino publiait des articles avant-gardistes au sujet de ses scans de cerveaux de dauphins (qui provenaient de dauphins sauvages morts échoués). Ses études démontrèrent que ces animaux ont un néocortex extrêmement complexe (une zone qui, dans le cerveau humain, est liée à la conscience de soi, à la résolution de problèmes et aux émotions).

Profondément affectée par la mort des deux dauphins, et à la lumière de ses nouvelles données, en 2009, L. Marino pris la résolution de prendre position : elle ne voulait plus étudier de dauphin en captivité. Et elle appela ses collègues à en faire de même.

Taiji donna à L. Marino un avant-goût du pouvoir de la science pour faire avancer une cause.

Certains, comme Denise Herzing, une psychologue de l’Université Florida Atlantic à Boca Raton, s’y engagea (mais D. Herzing n’étudiait que des dauphins sauvages depuis longtemps). D’autres, comme Richard Connor, un expert des cétacés de l’University of Massachusetts à Dartmouth, pense que c’est une mauvaise idée. Il étudie également des dauphins sauvages mais il pense qu’il existe encore des raisons légitimes de faire des recherches sur des cétacés captifs. Il souligne qu’après tout, c’est grandement grâce à ce type d’étude que nous savons que les dauphins sont intelligents.

« De plus, nous avons encore réellement besoin de cette recherche », m’a dit Connor lors d’un entretien téléphonique. « Nous en savons tellement sur les capacités cognitives de tellement d’espèces (les grands singes, les éléphants, les perroquets) parce que nous pouvons les étudier en captivité. Mais n’avons fait que gratter la surface concernant les dauphins. »

En outre, remarque-t-il, de nombreux zoos et sanctuaires promeuvent maintenant activement ces études de façon à stimuler l’esprit de leurs animaux (quelque chose que plus d’aquariums publics et privés devraient faire pour leurs cétacés, selon lui).

D. Reiss, la collègue clé de L. Marino, a également refusé d’arrêter d’étudier des dauphins en captivité (provoquant une rupture publique entre les deux femmes). Même si elles se sont réconciliées dans une certaine mesure, elles ne sont plus de très bonnes amies.

« Je le regrette », dit L. Marino. « Mais je ne regrette pas d’avoir appelé à mettre un terme à ce type de recherche. »

Elle est devenue une militante, après tout, et pour être prise au sérieux, elle considère qu’elle ne peut pas être incohérente dans ses actions. Si maintenir des dauphins, comme Presley et Tab, en captivité est quelque chose de mal, alors étudier des dauphins captifs (les utiliser dans son propre intérêt, même si c’est pour la science) est également mal.

« Ils devraient être libres », dit Lori Marino. « Ils ne devraient pas avoir à nous amuser ou à être utilisés comme des animaux de thérapie pour nous, ou bien à être envoyé sur des missions navales pour nous, ni quoi que ce soit d’autre. Ils devraient être libres de vivre leurs vies selon leur gré. »

Une mission pour la prochaine génération

Il existe un autre groupe pour lequel L. Marino prévoit de militer à travers Kimmela : les étudiants qui ne veulent pas pratiquer de recherche effractive sur les animaux. Elle n’a pas oublié ses cauchemars datant du temps où elle faisait de telles recherches ni le ton moqueur de certains autres étudiants ou professeurs qui la taquinaient parce qu’elle avait de la peine pour les rats.

À Emory, où de nombreux étudiants sont en classe préparatoire de médecine ou de recherche biomédicale, L. Marino a souvent vu en cours des versions plus jeunes d’elle-même. Certains de ses étudiants ont abandonné la carrière qu’ils avaient choisie parce qu’ils n’ont pas pu se résoudre à faire du mal à des animaux.

« Ils abandonnent donc la science », dit L. Marino avec exaspération. « Ils sont brillants et talentueux, mais ils sont forcés de se diriger vers une carrière différente parce qu’ils ne veulent pas faire de la recherche effractive. »

L. Marino a souvent donné des conseils aux étudiants désirant savoir comment continuer dans le domaine qu’ils avaient choisi sans avoir à pratiquer de recherche effractive, et elle prévoit de faire la même chose au Centre Kimmela via le Projet Someone Not Something. Ce projet a levé des fonds pour fournir aux étudiants des subventions pour faire, par exemple, de la recherche sur la cognition d’animaux domestiques dans des refuges et des sanctuaires, et L. Marino évaluera leurs propositions.

« Mais cela doit être de la bonne science, pas quelque chose de gentillet. Cela doit être très solide au niveau de la méthodologie ; sinon nous nous tirons une balle dans le pied. »

Lori Marino fait une pause. « Évidemment, cela sera beaucoup plus facile pour ce type d’étudiants quand les animaux seront traités légalement comme des personnes. C’est la clé de tout. »

Article original : The Guardian