La compréhension du langage des dauphins nous permettra de comprendre le langage de possibles extraterrestres. En d’autres termes, ce n’est pas la peine de chercher des aliens si nous ne sommes pas capables de communiquer avec des dauphins qui sont proches de nous dans tous les sens du terme.

Comprendre les dauphins pour trouver des signaux extraterrestres

En 1961, 12 hommes se sont réunis au Green Bank Observatory en Virginie pour discuter de l’art et de la science pour chercher des aliens et cela a permis la création de l’Ordre du Dauphin. On avait quelques-uns des esprits les plus brillants dans les disciplines scientifiques incluant 3 lauréats du Nobel, un jeune Carl Sagan et un neuroscientifique excentrique appelé John Lilly qui était connu pour tenter de parler avec les dauphins. C’est la recherche de Lilly qui a inspiré le nom du groupe. Si les humains ne pouvaient même pas communiquer avec des animaux qui partagent la plupart de leurs traits évolutionnaires, alors il est ridicule de penser qu’on puisse comprendre des signaux d’une autre planète. Avec cet état d’esprit, l’Ordre du Dauphin a cherché comment nos compatriotes océaniques sur Terre pourraient nous apprendre à parler aux extraterrestres.

Comprendre les dauphins pour détecter des signaux extraterrestres

Les travaux de Lilly sur les communications interespèces se sont croisés à de nombreuses reprises avec le programme SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence). Et aujourd’hui, ces travaux reviennent à la mode grâce à de nouvelles applications de la théorie de l’information et aux avancées technologiques telles que le dispositif CHAT (Cetacean Hearing and Telemetry). Ce dernier est une interface informatique submersible qui établit une communication basique avec les dauphins. L’étude des dauphins, comme un modèle pour une intelligence extraterrestre, est revenue en 1999, quand Laurance Doyle, astronome de SETI a proposé la théorie de l’information pour analyser les systèmes de communication des animaux, notamment le répertoire de sifflements des Grands Dauphins.

Depuis les premières expériences de Lilly, les chercheurs ont découvert un certain nombre d’espèces qui communiquent avec quelque chose qui se rapproche de la complexité du langage humain. Le débat est toujours ouvert si une communication animale peut être considérée comme un langage et ce débat se concentre surtout sur la définition du langage humain. Pour les uns, les langues ne sont pas innées, mais acquises par la culture. Et selon les linguistes, quasiment tous les langages humains se réfèrent à des concepts abstraits qui ne sont pas présents dans l’environnement immédiat afin de créer de nouveaux mots et des sentences grammaticales d’une longueur infinie.

La plupart des chercheurs pensent que les grincements et les sifflets du dauphin manquent de ces caractéristiques. Cependant, leur communication est toujours utile comme un modèle pour une communication extraterrestre. Les Grands Dauphins, par exemple, utilisent ce qu’on appelle le signalement référentiel. Cela signifie que certains signaux de communication (sonores ou visuels) correspondent à des aspects particuliers de leur environnement. Certains arguent que les signaux des dauphins peuvent transmettre des choses telles que l’humeur, le sexe ou l’âge du dauphin. Leurs grincements et leurs sifflets ne sont pas aussi sophistiqués que notre langage, mais ils peuvent transmettre de l’information abstraite.

La loi de Zipf

Doyle a confirmé que les signaux des dauphins n’étaient pas des sons aléatoires en se basant sur les travaux du linguiste George Zipf. Dans les années 1930, Zipf a trouvé un Pattern commun stupéfiant dans tous les langages humains. Le mot le plus fréquemment utilisé apparait 2 fois plus que le second mot le plus utilisé, 3 fois plus que le 3e mot le plus utilisé, 4 fois plus que le 4e mot le plus utilisé, etc. Dans l’anglais américain, le mot le plus fréquent est the et le second est of qui correspond à 7 à 3,5 % de tous les mots utilisés.

Quand ces mots sont tracés de manière logarithmique sur un graphe, alors la relation parmi la fréquence des mots montre une ligne avec une inclinaison de -1. Zipf a trouvé que cette inclinaison de -1 est commune parmi tous les langages parlés et écrits allant de l’espagnol jusqu’au mandarin et c’est une relation connue comme la loi de Zipf. Cette formule permet aux chercheurs de distinguer des signaux utiles par rapport à des sons aléatoires. Si une série de sons n’a pas de sémantique, alors sa distribution sera une ligne plate ou une inclinaison de 0 parce que chaque mot apparaitrait de manière égale. D’autre part, une inclinaison supérieure à -1 indique un niveau de redondance trop élevé pour un langage humain. La loi de Zipf semble nécessaire pour des communications complexes, mais ce n’est pas suffisant.

Tester la loi de Zipf chez les dauphins

De précédentes recherches ont montré que les dauphins utilisent une grande quantité de signaux, mais les scientifiques ne peuvent pas déterminer s’ils sont équivalents à un langage humain. Mais si c’est le cas, alors ces signaux doivent se conformer à la loi de Zipf. Pour le tester, Doyle et ses collègues de SETI ont étudié des signaux provenant de différentes espèces allant des singes-écureuils jusqu’au cotonnier en passant par les dauphins (Lien vers le papier complet via Sci-Hub). Le défi était de transformer chaque signal en des unités qu’on peut analyser. Pour les dauphins, les chercheurs ont étudié les pauses naturelles qui sont des espaces entre les grincements et les sifflets caractérisés par l’absence de sons. Ensuite, ils ont contrôlé leurs fréquences contre la loi de Zipf.

Si les dauphins pratiquent une communication compréhensible proche de la complexité humaine, alors la fréquence de ces sons doit avoir une inclination de -1 comme les langages humains. Doyle et ses collègues ont enregistré un groupe de Grands Dauphins depuis leur enfance jusqu’à l’âge adulte. Ils ont trouvé une pente logarithmique de -.95. Cela signifie que le Dauphinois pourrait avoir de la syntaxe selon Doyle. Mais pourquoi a-t-on besoin d’une syntaxe ? En général, la syntaxe est utilisée pour corriger des erreurs dans la transmission qui est définitivement une valeur de la survie selon Doyle. Dans un exemple humain, cela pourrait être des lettres manquantes dans un manuscrit qu’on pourrait deviner avec les règles de l’orthographe.

En comparaison, la pente de Zipf sur les singes-écureuils n’était jamais inférieure à -0.6 signifiant qu’elle était trop aléatoire pour la syntaxe. Le coton, qui communique via des émissions chimiques, possède un signal proche de -1.6 signifiant qu’il était trop redondant. Doyle et ses collègues ont démontré que la communication existe dans un spectre de complexité. Cet outil mathématique pourrait être la première étape pour créer un filtre afin de détecter une intelligence extraterrestre. Cela permettra aux astronomes de différencier des marqueurs linguistiques par rapport à des sons aléatoires dans les signaux cosmiques. Les travaux de Doyle et ses collègues montrent que l’étude des extraterrestres doit commencer sur notre propre planète (Lien vers le papier complet via Sci-Hub) sinon on risque d’identifier une salutation alien comme un son inutile.

Source: actualite.housseniawriting