Par Christophe Wszolek, co-fondateur de La Dolphin Connection

A chaque parution d’article ou de documentaire révélant les coulisses de la captivité des delphinidés, les responsables des delphinariums répliquent aussi vite pour faire paraître un autre article contenant des pseudo-vérités destinées à dérouter un public trop souvent mal informé sur les réalités d’un business malsain qui pèse plusieurs millions d’euros.

Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, nous ne verrons probablement jamais un responsable de delphinarium face à un militant bien informé en plein débat public : il est bien entendu plus facile de manipuler l’opinion public au nom du « droit de réponse légal » via la presse qui ne va pas laisser les militants avoir le dernier mot ! Bref, c’est un « droit de réponse légal » qui n’a rien de réciproque et donc, on ne peut que se poser la question sur la réelle légitimité d’une telle démarche. C’est presque trop facile pour les mouroirs à dauphins non ?

Deux dauphins captifs sur le bord du bassin

Deux dauphins captifs sur le bord du bassin d’un delphinarium. Photo: C.Wszolek

L’argument le plus souvent mis en avant par les responsables de la captivité des delphinidés, c’est le bien-être animal soi-disant « fondé » dans leurs établissements. Il est ainsi avancé que cela s’explique via la reproduction des cétacés à l’état captif. Or, ce qui n’est pas précisé au public, c’est les nombreuses inséminations artificielles effectuées afin d’obtenir ces résultats. De même, les cas d’incestes ne sont pas rares chez les dauphins ou les orques, ce qui n’est pas aussi significatif chez des cétacés libres. Les delphinariums ne vont pas se vanter de tous ces faits pourtant bien réels !

J’ai personnellement eu un jour le témoignage d’une ancienne dresseuse (dont je garderai l’anonymat à sa demande) selon laquelle un dauphin captif était né avec des soucis physiques très importants : le nouveau né n’avait survécu que quelques jours ! Il y avait eu un problème de co-sanguinité – ce n’est pas rare et c’est bien pour cela que les delphinariums ont régulièrement besoin d’avoir de nouveaux dauphins ou de procéder à des inséminations artificielles en collaboration avec d’autres établissements similaires. Tout cela ne sera effectivement pas expliqué publiquement par les responsables des delphinariums. Ce qui est mis en avant c’est les naissances, pas la façon dont cela est réellement arrivé : on se demande pourquoi n’est-ce pas !

Un autre point important : lorsqu’un delphinarium affirme que des documentaires tels que « the Cove » ou « blackfish » ne sont que des fictions ou n’ont rien à voir avec les delphinariums Européens, c’est tout simplement mensonger ! En effet, Tilikum est bien une orque qui avait tuée une dresseuse à SeaWorld et la baie meurtrière de Taiji existe belle et bien au Japon. Cette dernière procède à de nombreux massacres de dauphins chaque année tout en alimentant en « dauphins frais » la plupart des delphinariums du monde entier ! Ric O’Barry, héro de « The Cove » et célèbre ex-dresseur des dauphins utilisés pour la série Flipper est bien représentatif du combat pacifique mené pour exiger la fermeture de tels lieux partout dans le monde – y compris en Europe !

Deux dauphins en plein "spectacle". Photo: C.Wszolek

Deux dauphins en plein « spectacle ». Photo: C.Wszolek

C’est trop facile d’affirmer que les delphinariums Européens n’ont rien à voir avec les meurtres de Taiji tout en précisant qu’une réglementation interdit l’importation de cétacés provenant directement de la capture en mer. Certes, mais à votre avis, d’où proviennent les nouveaux dauphins captifs ? Ils ne naissent pas tous en captivité ! Le sang de dauphins issus de Taiji ne peut que traverser le monde, tôt ou tard, jusqu’aux delphinariums Européens… Et je n’évoque pas les échanges ou les achats d’autres delphinidés captifs avec d’autres delphinariums – un autre moyen de contourner la réglementation en vigueur… Les orques ne proviennent pas de Taiji en général mais l’histoire de leurs captures ou de leurs naissances et toute aussi douloureuse et éthiquement inacceptable.

Les responsables des delphinariums vont toujours affirmer que les militants sont mal informés – c’est à la limite de l’insulte pour des personnes qui aiment réellement des dauphins en tant que tel et non pour les millions d’euros qu’ils pourraient apporter à leur porte-monnaie !

Ce qui est évident c’est que ces mouroirs à dauphins ne révèleront jamais une « vérité qui dérange » car elle serait contre-productive à leurs yeux ! Par contre, leurs arguments destinés à servir leurs intérêts ne seront jamais détaillés car en creusant trop le public se rendrait vite compte que rien de ce qu’ils avancent ne tient la route ! Un exemple : l’organisme WAZA n’a rien de respectable, bien au contraire et une recherche sérieuse permettra de se rendre compte que cette structure porte même à une vive polémique !

Un autre point est évoqué selon lequel les delphinariums participent à des programmes écologiques de repeuplement : expliquez en quoi un repeuplement de tortues pourrait compenser la diminution croissante de dauphins Tursiops non captifs ? Relâcher un dauphin captif est impossible ? Rien n’est moins sûr après une période de réadaptation qui ne va pas intéresser ce qui va à l’encontre de certains intérêts financiers.

Combien de temps faudra t-il pour que le public comprenne qu’il n’y a rien de pédagogique lors d’un spectacle de dauphins ou d’orques ? Que la directive Européenne concernant les zoos et assimilés n’est pas respectée ? Que l’article L214-1 du Code Rural relatif à la détention d’animaux sauvages ne l’est pas non plus ? Alors, messieurs les responsables de delphinariums, peut-être arrivez-vous à leurrer un public naïf et/ou mal informé mais vous ne tromperez pas les militants sincères qui eux, n’ont rien à se reprocher, qui respectent les lois et qui peuvent se regarder face à un miroir !

Une certitude demeure : tant qu’il y aura des delphinidés captifs, il y aura des militants qui ne souhaiteront qu’une chose – que les dauphins soient libres et enfin heureux !!!