Le Marineland au service des cétacés ? Vraiment ?

Le texte qui suit constitue une réponse argumentée à l’article publié le dimanche 31 juillet 2011 sur le site du journal « Nice matin» à propos des critiques adressées au Marineland d’Antibes par l’ensemble des opposants à la captivité des dauphins, tout particulièrement lors de l’action menée par La Dolphin Connection en date du 23 juillet 2011 dans les villes de Cannes, Nice et Antibes. (Lire le récapitulatif de la journée du 23/07/2011 à cette adresse.)

Article :

Marineland : « Aucun animal prélevé en mer depuis le début des années 80 »

Publié le dimanche 31 juillet 2011 à 09H30

Cette fois, c’en est trop. Les multiples provocations et accusations des associations de défense des animaux ont eu raison de la patience de la direction de Marineland. D’ordinaire assez discrète, elle a décidé de parler. De monter au créneau. Et battre le fer contre les a priori et les calomnies dont le parc d’attractions marin, fondé en 1970 à Antibes, est, selon elle, régulièrement victime. Entretien avec Bernard Giampaolo, directeur général. Sans concession.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’emprisonner des cétacés ?

Depuis que les zoos existent, il y a toujours eu des gens qui se sont amusés à demander la libération des animaux. Il y a toujours eu des gens qui se sont lancés dans ce genre de croisades absurdes. Mais ces procès n’ont absolument pas lieu d’être. Car si l’on remet en cause la captivité dans les zoos, alors il convient d’arrêter aussi avec les poissons rouges dans les aquariums, les oiseaux en cage, les chats enfermés dans des appartements.

Objections :

Dès les civilisations les plus anciennes de l’Antiquité, des hommes ont entretenu des collections animales. Le plus souvent, elles servaient de reflet à la gloire des puissants, chez les Babyloniens, les Égyptiens, les Romains, mais aussi en Asie et chez les peuples précolombiens. Nul ne s’est jamais soucié de les critiquer.

Les premières réactions négatives dirigées à l’égard des zoos ou des cirques ont été suscitées par l’apparition des sciences éthologiques et par une connaissance de plus en plus fine des comportements animaux.

Cette prise de conscience, réservée à une infime élite intellectuelle, ne survint qu’au début du 19ième siècle, sous l’impulsion, notamment, des travaux de Charles Darwin ou des combats de Victor Hugo contre la maltraitance imposées aux chiens ou aux chevaux. L’auteur des « Misérables » ne s’amusait certes pas à mener des « croisades absurdes», puisqu’il s’opposait dans le même temps à la peine de mort appliquée aux humains. Il fallut néanmoins attendre la fin du 20ième siècle, avec les recherches de Jane Goodall, Diane Fossey, Franz Dewaal, Hal Whitehead ou d’autres éthologues de renom, pour découvrir que contrairement à la vision anthropocentriste du vivant non-humain encore largement prévalente aujourd’hui, les animaux n’étaient pas des « choses », mais des êtres sensibles et conscients – ce que Descartes niait encore au 18ième siècle. Il apparut que nombre d’entre eux étaient même dotés d’une conscience de soi, de cultures sociales propres transmises de manière transgénérationnelle, incluant la capacité de faire usage d’outils, et de modes de communication sophistiqués, toutes facultés étroitement adaptées au milieu de vie au sein duquel ils étaient nés.

C’est la raison pour laquelle la plupart des Zoos se sont alors décidés à fournir à leurs pensionnaires ce qu’on appelle un « enrichissement environnemental », aussi proche que possible de leur biotope d’origine. Cette démarche récente a permis de prolonger le temps de vie des animaux en cage en la rendant moins monotone. La démarche est relativement aisée lorsque l’on traite des créatures de petite taille, à l’intelligence réduite. Mais le défi est tout autre quand il s’agit de fournir cet enrichissement à des créatures tels que les éléphants, les grands singes ou les dauphins.
Nombre de zoos s’y essayent, mais pas les delphinariums.

Car il n’y a que dans ce type d’établissements, que la cage aquatique ou « bassin » demeure parfaitement nue, dépourvue de tout objet, de toute stimulation sensorielle, et ceci afin d’obliger les animaux captifs à exécuter leurs shows anthropomorphiques sur commande à heures fixes.
Il s’agit en outre d’obliger les orques et dauphins à demeurer 80% de leur temps en surface, et non sous l’eau, à l’inverse de ce qui se passe en mer.

Même un canari en cage reçoit un petit miroir ou une clochette pour se distraire, un chat en appartement un grattoir ou des balles de caoutchouc. La seule distraction offerte aux cétacés captifs est de distraire le grand public et de compléter leur repas sommaire, chacune de leur prestation étant récompensée par un nourrissage à la main.
Lorsque les dauphins disposent d’un lagon d’eau naturelle, peuplé de poissons, meublé d’algues et de rochers, comme c’est le cas au centre de reproduction du delphinarium de Harderwijck (Pays-bas), ils ne se participent pas aux spectacles. Notons que le lagon d’Antibes n’a pas la même fonction, puisqu’il est aussi vide et nu que les bassins.

Article :

…. De plus, prétendre que Marineland emprisonne des animaux, c’est bien mal connaître le parc. Car nous sommes véritablement au chevet de tous les êtres vivants. Nous leur offrons des conditions de vie les plus proches possible de leur milieu naturel. Les ours polaires bénéficient, par exemple, de grottes climatisées. Même chose pour les orques qui évoluent dans un bassin de 44 millions de litres d’eau. L’un des plus grands du monde.

Objection :

Les ours polaires disposent donc du froid. Ils décèderaient sous la chaleur s’il en était autrement. Mais rien d’autre de ce qui fait leur vie réelle : la chasse, la pêche, le guet, les longues marches sur des étendues glacées.

Quant aux orques, les 44 millions de litres d’eau représente certes un progrès par rapport à ce que le Zoo de Windsor, par exemple, accordait à son orque Winnie, avant la fermeture de tous les delphinariums en Grande-Bretagne. Ce chiffre n’a cependant aucun sens lorsqu’on le compare au volume global de l’océan, où les orques circulent librement, résidant le long des côtes pour se nourrir de saumon ou vivant en haute mer en chassant d’autres mammifères marins.

«Les orques piscivores se dispersent sur deux kilomètres et nagent à une allure de 5 km/h environ. Elles peuvent ainsi explorer au sonar 10 km2 par heure, surface considérable par rapport à celle que pourraient prospecter une orque isolée ou un groupe compact ». (Source : Encyclopédie Larousse)

Les orques «transients» – mélangées sans discernement aux orques résidentes dans les delphinariums, bien que leurs cultures propres soient radicalement différentes – parcourent en moyenne 100 km par jour.

Quel bassin au monde pourrait-il jamais offrir aux orques de telles espaces, de telles possibilités de coopération sociale ? (Voir cette vidéo.)

Article :

On vous reproche aussi d’arracher des animaux à leur milieu naturel…

Ce sont de purs mensonges. Des arguments colportés par des personnes qui ne sont absolument pas au courant des réalités actuelles.

Objection :

Les personnes qui s’opposent à la captivité sont le plus souvent extrêmement bien informées, d’autant que l’on compte parmi elles nombre de scientifiques.

Le Dr. Paul Spong, par exemple, cétologue originaire de la Nouvelle Zélande, spécialiste renommé du comportement des orques, est également un adversaire acharné de l’enfermement de ces grands dauphins.
Regina Asmutis-Silvia, «Senior Biologist», Karsten Brensing, Docteur en biologie comportementale à l’Université de Berlin, Erich Hoyt, «Cetacean Specialist Group of the IUCN Species Survival Commission» et «Expert advisor on marine protected areas for ACCOBAMS », Cathy Williamson, titulaire d’un « Masters degree in Environmental Science, Policy and Planning», sont quelques-uns parmi les membres les plus éminents du staff scientifique de l’association Whales and Dolphins Conservation Society, dont l’un des principaux objectifs est de mettre fin à l’exhibition de cétacés captifs sur l’ensemble de la planète.
Naomi Rose, Docteur en Biologie de l’Université de Californie (Santa Cruz) assure quant à elle la fiabilité des informations fournies par l’organisation qui l’emploie et qui lutte de la même manière contre les delphinariums : la Humane Society of the United States. Toni Frohoff, psychologue, docteur en biologie comportementale, titulaire d’un « Master in Wildlife and Fisheries Sciences» et spécialiste du stress chez les mammifères marins libres ou captifs, membre de l’association Terra Mar, s’est illustrée en 2005 pour avoir dénoncé les conditions de vie déplorables des dauphins du Boudewijijn Sea Park de Bruges.
On pourrait multiplier de tels exemples à longueur de pages, mais une chose est sûre : ces gens-là savent de quoi ils parlent.

Article :

(….) Car, à Marineland, nous n’avons plus prélevé aucun animal en mer depuis le début des années 80. Et nous n’avons, d’ailleurs, pas le droit de le faire. Le parc est soumis, comme tous les autres zoos, à une directive du ministère de l’environnement datant de 1999 qui est extrêmement contraignante. Elle interdit tout prélèvement de cétacés qui comptent parmi les espèces les plus protégées au monde.

Objections :

C’est exact. Malheureusement, M. Bernard Giampaolo néglige de préciser que ce sont les orques capturées en mer qui ont engendré la totalité du cheptel actuellement détenu dans ses bassins.
Sharkhane, (née en 1986, capturée le 12 janvier 1990, décédée le 3 janvier 2009), Kim 2 (né en 1978, capturé le 6 mars 1983 en Islande, mort en 2005), Freya, (capturée en 1982 mais toujours vivante aujourd’hui) sont en effet les parents des nés-captifs, Valentin, Inouk, Wikie et Shouka, laquelle fut soustraire à sa mère Sharkane pour vivre en compagnie du dauphin Merlin aux Etats-Unis. (Lire sur le site d’AARLUK, une association qui fut traînée en justice par le Marineland d’Antibes en 2002 pour avoir publié des photos de ce transfert contre-nature mais gagna son procès deux ans plus tard).

Notons que d’autres orques capturés en mer, tel Tanouk ou Kim 1, ont transité dans les bassins du Marineland, avant de mourir aux antipodes.
Insistons enfin sur le fait que tous ces «fondateurs», comme on dit dans le métier, ont été arrachés à leur «pod» d’origine dans des conditions dramatiques, mais aussi gravement dommageables pour les individus restés libres.

Il en va de même pour les dauphins.
Les cétacés capturés en mer représentent encore une grande partie des effectifs actuels des delphinariums européens. Et ce d’autant que les nés-captifs semblent éprouver certaines difficultés à survivre au-delà de l’adolescence – un âge où l’on aime bouger et découvrir le monde – mais surtout à se reproduire entre eux.

Comme le souligne Manuel Hartmann, vétérinaire du Delphinarium de Duisburg et auteur de « l’European bottlenose dolphin studbook » : « le nombre de dauphins fondateurs, en particulier de mâles, pourrait constituer un facteur critique à la croissance de la population européenne dans le futur » (Hartmann, 2000).

Cette menace risque d’encourager les delphinariums européens à faire changer les lois ou à les contourner pour se procurer de nouveaux spécimens en mer.
D’autres pays poursuivent en effet ces pratiques en toute légalité. On peut donc valablement se demander si certains dauphins capturés à Cuba ne sont pas d’ores et déjà « blanchis » comme de l’argent sale en Espagne en passant par le Portugal avant d’être envoyés dans les delphinariums européens sous le label «dauphin acquis auprès d’un autre zoo».
Aucune base de données fiables du type «Marine Mammal Inventory Report » (USA) n’existant en Europe et les contrôles se révélant pour le moins difficiles dans ces conditions, tout est possible en ce domaine.

Par ailleurs, si Marineland est soumis, comme tous les autres zoos, à une directive du Ministère de l’Environnement datant de 1999, coulant en force de loi la directive 1999/22/CE du Conseil de l’UE, il apparaît à la lecture du « Dolphinaria Report », publié par la WDCS en juin 2011, qu’aucun des 14 états membres de l’Union détenant encore des delphinariums sur son territoire ne l’applique !
Les 13 autres états qui ont renoncé à cette pratique l’on fait essentiellement pour des raisons d’ordre éthique, considérant l’enfermement de cétacés en bassin comme cruel.

Article :

Il se dit également que vos animaux sont malheureux dans leurs aquariums ?

Là encore, c’est une hérésie. Les études scientifiques sont formelles : quand un animal n’est pas bien dans son environnement, il ne se reproduit pas. Or, à Antibes, nous n’arrêtons pas d’avoir des naissances. Pour preuve : la quasi-totalité des animaux du parc est née ici. Du reste, la conservation des espèces est l’un des deux grands objectifs fixés par la directive de 1999, avec la recherche.

Objection :

Qu’en est-il des prisonniers humains, qui se reproduisent très bien quand on laisse leur femme les visiter ! Sont-ils heureux pour autant ? Qu’en est-il des « chiennes de batterie » des pays de l’est, enfermées dans des enclos insalubres, qui alimentent le trafic illégal d’animaux de compagnie ? Sont-elles heureuses ? Même les grands félins des zoos ou les souris de laboratoire se reproduisent abondamment, malgré les conditions de vie déplorables qui sont les leurs.

Outre la nourriture – rationnée par l’homme – les dauphins n’ont pour dérivatif autonome que leur sexualité. Ils se masturbent fréquemment. Là encore, l’argument ne tient pas. Le responsable du parc néglige également de préciser que les cétacés sont de plus de plus souvent inséminés artificiellement, pour s’épargner les frais de déplacement d’un individu mâle prêté par un autre cirque aquatique. Tex, envoyé de Bruges à Antibes comme étalon reproducteur, est mort quelque temps après son arrivée sur place. L’orque Shouka a été éloignée de sa mère pour ne pas être fécondé par un membre de sa fratrie. L’inceste est un tabou chez les grands mammifères, sauf lorsque leur psychisme et leurs valeurs morales se détériorent sous l’effet de la promiscuité des bassins.

Il ne s’agit cependant pas de nier ici les liens affectifs qui peuvent se créer entre les cétacés captifs et leurs dresseurs. Un dauphin qui a vécu des années dans un bassin ou qui y est né, qui a été nourri à la main pour exécuter ses shows, ne peut que nouer avec l’homme des relations de soumission et de dépendance extrêmes, évoquant de façon frappante le fameux «syndrome de Stockholm».

Article :

(…) C’est donc notre priorité absolue. Parfois, j’entends dire qu’il vaut mieux laisser les animaux mourir dans leur espace naturel plutôt que de les sauver en captivité, mais je ne suis absolument pas d’accord avec ça. Je veux que mes gosses puissent voir, ailleurs que dans des livres, des ours polaires et des requins gris, que nous sommes le premier parc au monde à reproduire. C’est ça aussi le rôle d’un parc comme Marineland. Nous participons à sensibiliser les gens à ce qu’il y a dans la mer. Et cela les incite à la préserver.

Objections :

Quels sont les messages de sensibilisation adressés au public durant les shows au laser du Marineland d’Antibes ? Si les dauphins sont bien classés sur la liste rouge des espèces menacées de la IUCN, leur conservation devrait par ailleurs avoir pour but, selon la Directive européenne sur les zoos, de renforcer à terme les populations in situ.

Combien d’orques le Marineland d’Antibes a-t-il remis en mer ? Combien de dauphins ?
Selon le Dolphinaria Report de la WDCS, «aucun des delphinariums étudiés dans le cadre de cette investigation n’apporte une contribution significative à la conservation de la diversité biologique. Les morts prématurées et le faible succès de la reproduction en captivité ne permettent pas à la population de grands dauphins ex situ de maintenir des effectifs stables sans apport extérieur. Aucun relâcher d’animaux dans la nature par les delphinariums en Union européenne existants n’a été rapporté ».

Quant aux recherches, la plupart ne visent qu’à maintenir en vie des animaux dans des conditions de vie aberrantes ou à perfectionner les techniques de dressage. Rares sont celles qui tendent à préserver la survie des espèces marines, telles que l’étude de balises électroniques destinées à écarter les dauphins des filets dérivants (Delphinarium de Harderwijck).

Enfin, force est de constater que ce que le Marineland offre à voir aux enfants, ce ne sont ni des orques ni des dauphins, mais des esclaves acculturés se livrant à des shows anthropomorphiques. Les propos de M. Bernard Giampaolo laissent entendre que les dés sont jetés, que toute faune libre va disparaître à terme et que ne subsisteront bientôt que des animaux en cage. Il ne fait que répéter l’argument bien connu de la « Théorie de l’Arche » un concept inventé par M. Fred Daman en 1993 afin de répondre aux critiques des opposants à la captivité.

C’est là un message bien pessimiste pour les prochaines générations, et bien étrange dans la bouche du responsable d’un zoo légalement destiné à repeupler les océans.

Article :

Quid de la durée de vie des cétacés du parc ?

Quand j’entends dire que les dauphins se suicident à cause de leur sonar qui rebondit contre les parois des bassins, je suis effaré. Les animaux de Marineland vivent beaucoup plus longtemps que dans la nature. Le dauphin Joséphine du Grand Bleu est, par exemple, toujours en vie. Il a 38 ans. Et cette longévité n’a rien d’un hasard. On fait absolument tout ce qu’il est possible pour le bien-être de nos cétacés. Leur nourriture subit plus de contrôles que celle qui est servie dans un restaurant traditionnel. De plus, nous avons cinquante soigneurs à leur chevet…

Objections :

Selon Randy Wells, chercheur au Sarasota Dolphin Research Program en Floride, l’âge de la vieillesse d’un dauphin libre est atteint vers 40 ans pour les mâles et 60 ans pour les femelles.
Notons cependant que Nelly, née captive le 27 février 1953 au Marineland de Floride, à St Augustine, établissement désormais nommé «Georgia Aquarium’s Marineland», est aujourd’hui âgée de 58 ans. Cette longévité est sans doute due au fait que Nelly n’a jamais quitté son lieu de naissance et que l’équipe qui en prend soi a du vieillir avec elle. Ces facteurs de stabilité psychique, extrêmement rares dans le parcours d’un dauphin captif, ont certainement contribué à la mener jusqu’à un âge normal.
La plupart des dauphins militaires de la US Navy, tels K.Dog, attaché à la «Commander Task Unit (CTU) 55.4.3 », sont aujourd’hui âgés dune bonne quarantaine d’années. Dans ce cas, c’est la variété et la sophistication des tâches qu’on leur impose ainsi que leurs missions en pleine mer (avec un ruban velcro sur le rostre pour les empêcher de manger et donc de déserter) qui justifie leur insolente bonne forme physique.
Par contre, atteindre 38 ans semble constituer une prouesse au Marineland d’Antibes, où viennent de mourir en 2009 puis en 2011 deux jeunes dauphins de huit ans à peine, Fenix et Kaly.

Quant aux orques femelles, leur durée de vie en milieu naturel avoisine les 90 ans. A Antibes, on meurt infiniment plus tôt ! Des géniteurs d’origine, ne demeure que Freya, capturée en mer.
Sharkane, Kim 2, Kim et cinq autres encore ont rendu l’âme bien avant l’âge pour des raisons obscures, leur nécropsie n’ayant jamais été rendue publique.

Article :

Il semblerait aussi que vos actions aillent plus loin que le seul parc d’Antibes…

Effectivement. Depuis le mois d’avril, nous avons créé une fondation dont le but est d’assurer la préservation des espèces dans leur milieu naturel. Nous consacrons actuellement plusieurs dizaines de milliers d’euros pour assurer la conservation des phoques moines et des tortues sur les côtes de la Mauritanie. Alors, forcément, quand on nous amalgame, ensuite, avec ceux qui massacrent des dauphins et des requins en Asie, c’est simplement insupportable. Nous sommes les premiers à condamner ces atrocités.

Objections :

Le Marineland d’Antibes a effectivement soutenu longtemps des projets de conservation et d’observation en mer (Fondation RIMMO, géré par l’ancien directeur, Mike Ridell) et son action actuelle en faveur des phoques moines est d’autant plus louable qu’il en a massacré bon ombre par le passé.

L’ennui, c’est que ces activités ne représentent qu’une part infime des énormes bénéfices accumulés par le parc marin, dont le but principal est et restera toujours le profit commercial. Rappelons que cet établissement appartient désormais au groupe international Parques Reunidos, spécialisé dans les attractions touristiques et non dans la recherche éthologique ou la préservation de la nature. Il en est de même pour le parc Astérix ou Planète sauvage aux mains de spécialistes des loisirs familiaux (Compagnie des Alpes, Groupe Grévin).

Quant aux massacres des dauphins à Taiji, dont une part des victimes est livrée aux delphinariums, on notera qu’ils ont été effectivement condamnés par le Marineland d’Antibes de manière fort discrète et en anglais au mois de mars 2007 sur le site de « l’European Association for Aquatic Mammals » (EAAM)

Malencontreusement, «The International Marine Animal Trainers’ Association » (IMATA) fédérant cette fois les dresseurs de cétacés du monde entier, vient de décider de soutenir financièrement les delphinariums japonais touchés par le récent tremblement de terre !

Rappelons que ces établissements nippons n’abritent que des cétacés capturés le long des côtes japonaises avec la plus extrême cruauté.

Yvon Godefroid, le 5/08/2011