« Des dauphins dans le tunnel du Rove. C’est le rêve un peu fou de Guy Imbert, directeur de recherche au CNRS et ancien compagnon de route du commandant Cousteau. Ce spécialiste des sciences marines travaille depuis plusieurs années sur un centre de soins et de réinsertion des dauphins en captivité, une sorte de cocon à mi-chemin entre le centre de thalassothérapie et la maison de retraite. Et pour lui, l’endroit parfait pour les accueillir serait le tunnel-canal du Rove.

Ce souterrain maritime a été percé au début du 20e siècle. Il devait permettre aux péniches du port de Marseille de rejoindre l’étang de Berre puis le Rhône pour remonter vers le nord de la France. Long de 7 km, large de 22 mètres et haut de 15 mètres, il a été inauguré en 1927 par le président de la République, Gaston Doumergue. Mais le monument ne servira pas longtemps car les nouvelles techniques de navigation ont permis rapidement de se passer des péniches.

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Un delphinorove

En outre, la voûte du tunnel s’est écroulé dans un champ, au sud de Gignac, en 1963. L’incident a signé l’arrêt définitif de l’exploitation du canal. En 2013, les collectivités locales ont bien signé un contrat d’étang prévoyant sa réouverture pour 2017 mais pour l’instant, rien ne se passe. Depuis longtemps, Guy Imbert a son idée pour rentabiliser ce souterrain, unique en France, mais à l’abandon : accueillir les dauphins qui dont renvoyés des delphinariums.

Il existe une trentaine de ce type d’établissements en Europe et trois en France métropolitaine : au Parc Astérix, à Planète Sauvage près de Nantes et au Marineland près d’Antibes. Selon Guy Imbert, « des dauphins pourrissent » dans certains de ces centres qu’ils comparent à des « univers carcéraux ». Pour les remettre en forme et les aider à retourner à la vie sauvage, il propose donc de créer un « delphinorove » dans le canal – et surtout pas, insiste-t-il, dans l’étang de Berre.

La température de l’eau serait la seule difficulté technique de ce projet, selon lui. Les variations entre l’entrée du tunnel, côté Méditerranée, et la sortie, côté étang, seraient trop importantes, notamment l’hiver. Mais le problème pourrait être résolu avec des pompes qui injecteraient de l’eau de mer dans le canal pour maintenir une température moyenne tout le long du canal. L’investissement ne dépasserait pas sept à huit millions d’euros, assure le scientifique.
Un jardin d’éden

« Ce serait comme un jardin, une espèce d’aquarium géant où l’on pourrait régler la température de l’eau, s’emballe le chercheur. En plus, on a un ensoleillement magnifique. Ce coin pourrait vraiment être édenique. On pourrait faire ce que l’on veut. Vous imaginez les potentialités ? » Pas question cependant d’un faire un « endroit pour s’amuser avec les dauphins », rassure-t-il, c’est-à-dire un delphinarium en plein air – ce qui serait en effet un comble.

Guy Imbert présentera les dernières avancées de son projet les 22 et 23 avril lors d’un colloque à Martigues où sont attendus des élus locaux comme Gaby Charroux mais aussi des scientifiques comme Henri Augier de l’université Aix-Marseille et Vincent Bourret du CNRS de Montpellier. L’événement est organisé sous la présidence de Faustine Cousteau, la seconde épouse du commandant qui avait fait de la captivité des dauphins est un de ses plus grands combats. »

Source: 20minutes.fr