Un grand merci à Pilar qui a réalisé cette interview édifiante et horrifiante et nous a ainsi permis de découvrir le sort de Yaku et Wayra. Un grand merci également à Stéphanie, qui a réalisé la traduction et publié la version originale sur le blog espagnol de la Dolphin Connection. Et un grand merci enfin à Yvon pour sa relecture, les photos qu’il a trouvées pour illustrer cette interview, et son texte de conclusion.

Edit : Depuis la publication de cet article, les choses ont commencé à bouger. Pour en savoir plus, lisez cet article.

Interview d’un ex-dresseur de l’hôtel Los Delfines

Yaku et Wayra sont deux dauphins (un mâle et une femelle) qui vivent en captivité à Lima, au Pérou. Ils sont arrivés là-bas il y a plusieurs années et ils vivaient à l’Hôtel “Los Delfines”, où les gens pouvaient interagir avec eux. A ce jour, ils ont été transférés au delphinarium de La Herradura. J’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à l’un des ex-soigneurs de ces dauphins, pour connaître un peu mieux la situation dans laquelle ils se trouvent. Pour des raisons qui lui sont propres, je ne dévoilerai pas son nom, mais voici les quelques questions auxquelles il a répondu :

Où vivent ces dauphins ?

Ils vivent actuellement dans un bassin circulaire d’approximativement 10 à 12 mètres de diamètre x 3.5 mètres de profondeur. Ce bassin dispose d’une annexe également circulaire mais d’à peu près 1.5 mètre de profondeur x 5 mètres de diamètre. Il est situé sur la plage de La Herradura (sur la colline, pas directement sur plage) sur la route de chira.

Pourquoi n’ont-ils pas de petits depuis tout ce temps et s’ils en ont eu, que leur est-il arrivé ? Sont-ils morts ? Ont-ils été transférés ?

Ils ont eu 3 petits jusqu’à maintenant. Je ne sais pas s’ils en ont eu d’autres depuis que je ne travaille plus là-bas. Je ne crois pas car tous deux sont sous traitement hormonal pour éviter une grossesse. Ce traitement maintient le mâle dans un état très léthargique, ce qui affecte son comportement général en plus de son comportement sexuel.

Les 3 petits que j’ai connus sont morts.

Le premier est mort dans la piscine de l’Hôtel “Los Delfines”, qui est complètement inadaptée à eux (toute petite et rectangulaire, ils sont exposés à beaucoup trop de bruit dans la journée et aux lumières de l’hôtel et de la rue la nuit ; et cela durant toute une vie, une véritable torture! Cela rend impossible tout comportement reproducteur de la mère. Qui plus est, la forme de la piscine empêche la nage de reproduction.

Le deuxième petit est né dans le bassin de La Herradura. A peine né, la mère a immédiatement commencé à le frapper très violemment en le faisant couler comme pour essayer de le noyer (je t’assure qu’elle savait parfaitement ce qu’elle faisait) en ne laissant aucun des soigneurs s’approcher pour sauver le petit. Elle voulait clairement le tuer. Elle est probablement restée marquée par la mort de son premier petit. L’autre option que l’on peut émettre est qu’elle ne voulait tout simplement pas que le petit vive ici parmi nous. Elle préférait qu’il meure. Une autre raison peut être la jalousie envers nous ou envers le mâle. Enfin, on peut l’interpréter de différentes manières. Elle seule connaît l’unique vérité. Tout cela n’a pas duré plus de 5 minutes et ensuite, elle est restée avec son petit jusqu’au lendemain où sans aucune raison, elle ne nous laissait même pas nous approcher au bord du bassin.

Nous avons réussi à sauver le troisième petit après la mise bas. Comme il a reçu quelques coups violents de sa mère, nous l’avons transféré dans un bassin mobile apparemment avec toutes les mesures nécessaires. Cette fois-ci, beaucoup d’argent a été investi, on parle de plusieurs milliers de dollars. En plus de vétérinaire attitré, le Dr Julio Loureiro (Grand MV et personnalité importante puisqu’il est le président et le fondateur de la fondation “Mundo Marino” de San Clemente del Tuyú Buenos Aires Argentina), on a fait venir d’Italie un soigneur (arengetin lui aussi) expérimenté et spécialisé dans les accouchements et les relations compliquées entre la mère et le petit. La solution est venue des Etats-Unis (pour remplacer le lait maternel). Ils ont aussi embauché davantage de personnel qui avait déjà travaillé avec Yaku y Wayra auparavant pour assurer les gardes. Ce petit n’a vécu qu’une quinzaine de jours dans ces conditions. Il est mort par la suite.

Les 2 premières autopsies ont révélé que le décès était dû aux coups portés par la mère et à la noyade (il y avait de l’eau dans les poumons).

Dans le troisième scénario, les choses sont différentes : la mort a été causée par une congestion intestinale.

Yaku et Wayra, les deux dauphins de l'hôtel Los Delfines à Lima, Pérou

Que ferait le delphinarium si la population de dauphins augmentait?

Il ne pourrait tout simplement pas les héberger. La population n’augmentera pas, à moins qu’ils n’achètent d’autres dauphins. Il n’y a pas d’autre possibilité. Cela représenterait un problème financier pour eux. Ca n’arrivera pas.

Quels résultats ce centre obtient-il de ses recherches ?

Ils ne mènent aucune recherche. Personne n’est habilité à réaliser une investigation. Aucun médecin, ni vétérinaire, ni biologiste, personne. Tout le personnel est empirique. Les anciens soigneurs (plus qualifiés) sont tous partis parce que ce centre ne mène à rien. Il n’y a aucun soutien du propriétaire qui considère cela comme un cirque qui ne génère désormais plus de profit. Ceux qui étaient chargés de nettoyer les installations avant sont devenus soigneurs??!!

Y a-t-il un rapport entre ces dauphins et le cirque ambulant “Mundo Marino” ?

Je ne sais pas de quel cirque ambulant il s’agit. “Mundo Marino” est un aquarium à San Clemente et c’est aussi le siège de la Fondation Mundo Marino. Le seul lien qui existe est le Dr Loureiro, qui est président et directeur des deux mais à Lima, il vient seulement voir les dauphins chaque fois qu’il le peut. Certains soigneurs de CILDE (NB : Centro de Investigación de Delfines – Centre de Recherches sur les dauphins) se sont rendus à San Clemente pour y suivre un stage, mais à leurs frais et sur leur temps de congés. L’ancienne dirigeante de l’équipe des soigneurs, lasse des conditions de travail chez CILDE, a cherché du travail ailleurs et a réussi à en trouver chez Mundo Marino.

Combien de temps avez-vous travaillé avec ces dauphins ?

Plus de 5 ans.

Le casino de l'hôtel Los Delfines à Lima

Avez-vous remarqué du stress ou une conduite anormale chez eux ?

Les séances d’entraînement sont une source de stress constant tout au long de la journée… Des coups contre les bords du bassin, des agressions entre eux ou envers des objets flottants, parfois pris pour des jouets…

Ces dauphins sont-ils bien soignés ?

Les soigneurs font tout leur possible mais il n’y a aucun soutien et les installations ne sont pas adéquates. De plus, ce sont désormais des dauphins adultes et matures qui reçoivent trop de médicaments, y compris des hormones.

Croyez-vous que ces dauphins mourraient si on les libérait ? Pourquoi ?

Ils mourraient sans aucun doute. Ils n’ont pas d’anticorps contre les agents pathogènes de la mer. Ils ne savent pas chasser. En outre, ils seraient tués par des dauphins sauvages qui sont très territoriaux.

L’environnement dans lequel vivent ces dauphins est-il adéquat ?

Définitivement non.

Existe-t-il une aide suffisante pour secourir ces dauphins dans votre pays ?

Il y a quelques organisations mais elles se préoccupent plus des apparences que de faire quelque chose de vraiment concret. Le soutien et la qualification manquent.

Fin de l’interview

Et maintenant, que faire ?

Maintenant qu’on connaît la situation réelle de ces dauphins, comment pouvons-nous aider à l’améliorer avant qu’il ne soit trop tard ? Le propriétaire ne semble pas s’en soucier et au contraire, ils représentent même une source de dépense pour lui, si bien qu’il n’investira pas un centime pour améliorer la qualité de vie de ces animaux. J’espère que bientôt nous pourrons faire quelque chose pour changer radicalement leurs conditions de vie, en les installant, par exemple, dans une vaste baie marine close par un filet où peu à peu, ils pourront réapprendre à pêcher du poisson vivant et qui sait, à retrouver un jour le chemin de la liberté.

Car si les dauphins sont certes territoriaux comme l’affirme l’ex-dresseuse, en revanche, ils sont parfaitement capables d’accueillir au sein de leurs tribus des “étrangers”. Les exemples abondent de ces réintroductions réussies.

Pour mémoire, Rocky, Missie et Silver, totalisaient à trois 56 ans de captivité avant d’être libérés de leurs delphinariums anglais en 1991, de retrouver la mer ouverte, et d’intégrer avec succès un groupe de dauphins sauvages.

Pour protester contre le traitement de ces dauphins, vous pouvez écrire à l’Hôtel “Los Delfines” sur leur page web :

Page de contact :
http://www.losdelfineshotel.com/english/index.php/contact_us

Voici le texte que vous pouvez leur envoyer :
Cliquez ici pour télécharger la lettre-type de la WDCS.

ou sur leur page Facebook :

http://www.facebook.com/delfineshotel

ou bien encore les contacter directement :

Los Delfines Hotel
Los Eucaliptos 555, San Isidro, Lima 27 – Perú
Phone: (511) 215-7000
Fax: (511) 215-7073

Vour pouvez avertir aussi l’association Born Free (info@bornfree.org.uk) ou la WDCS (info@wdcs.org)  en leur envoyant le message suivant :Please save Yaku and Wayra, the mistreated dolphins of Los Delfines Hotel in Peru

Merci pour eux…